Depuis que nous avons publié cette traduction de MOTHER 3 en 2016, nous recevons de temps à autre des messages de personnes qui nous demandent des conseils pour se lancer dans une traduction amatrice.
Le fait de répondre à ces questions m’a amené inconsciemment à faire un bilan, à me demander ce qui a fait la réussite de ce projet de traduction de MOTHER 3, mais aussi ce que nous aurions pu faire autrement pour nous éviter des difficultés. Mon expérience personnelle a également été enrichie par d’autres projets auxquels j’ai participé sur ces sept dernières années, notamment Mother1VF, et d’autres petits coups de main ponctuels que j’ai pu donner à d’autres équipes (UndertaleFR, OmoriVF).
Je vais donc essayer de vous faire profiter de cette expérience accumulée en vous prodiguant 20 conseils à suivre (+ un bonus) si vous souhaitez vous lancer dans une traduction amatrice de jeu vidéo ! Bien sûr, ces conseils sont très personnels : il est tout à fait possible que vous réussissiez votre projet en faisant les choses différemment. Notez par ailleurs qu’une partie de ces préceptes ne s’appliquent que dans le contexte que je connais le mieux : la traduction d’une ROM de jeu console, de l’anglais vers le français. Mais je pense que quelle que soit la situation, cet article pourra constituer une bonne source d’inspiration pour votre aventure !
1. Avant toute chose, rejouez au jeu !
Cela peut paraître élémentaire, mais vous gagnerez en efficacité et en pertinence si vous avez l’ensemble du jeu en tête. Vous allez traduire l’intégralité des textes, des répliques les plus cultes aux phrases les plus obscures. Vous allez devoir recréer un univers entier dans une nouvelle langue, avec son ton, sa cohérence et ses particularités. Il est donc indispensable que vous connaissiez bien cet univers et un maximum de détails.
C’est d’autant plus important que votre document de travail sera le script brut : un (ou plusieurs) fichier indigeste dans lequel les répliques du jeu se succèdent dans le désordre, parfois sans aucune indication sur le contexte et le locuteur. En lisant chaque phrase, vous devrez donc deviner qui parle et dans quelle situation avant de pouvoir la traduire. Si vous ne voulez pas être obligé·e de traduire à l’aveugle (risqué !) ou d’aller vérifier en jeu avant de traduire chaque réplique, vous savez ce qu’il vous reste à faire !
En ce qui me concerne, je connaissais déjà assez bien MOTHER 3 quand j’ai commencé à travailler sur ce projet, mais j’aurais peut-être dû le finir une fois ou deux de plus avant de me lancer. Ça m’aurait permis de me rafraîchir la mémoire et de mieux connaître certains détails de contexte. Si je l’avais fait, il n’y aurait peut-être pas eu besoin de sortir dix versions successives du patch de traduction !
2. Constituez une équipe de taille réduite
Masahiro Sakurai a raison : Lire la suite